« Mare Nostrum »

Contribution de Natalie Victor-Retali

Ulysse est un exilé qui a eu le bonheur de rentrer chez lui.

Parti se battre à contre-coeur, il a ensuite erré sur les mers avant de retrouver son foyer et son royaume.

Les migrants qui sont repêchés en Méditerranée, eux, n'ont pas cette chance. Ils ont fui la guerre, la misère ou des exactions dans leurs pays où ils ne sont pas rois, loin s'en faut...

Ils partent vingt et cent sur des embarcations précaires sans savoir s'ils arriveront quelque part et surtout sans savoir s'ils reverront un jour ceux qu'ils laissent derrière eux, leurs familles, leurs pays, leurs maisons ; s'ils pourront un jour revenir sur la terre qui les a vus naître...

Se préoccupe-t-on de cette douleur de l'exil lorsqu'on pense aux migrants ?

On ne les voit souvent que comme un problème à résoudre (de diverses façons selon ses opinions) , mais on ne voit pas que ce sont des personnes qui ont tout quitté sans espoir de retour.

Tous les « sans-papiers » en témoignent, dès qu'ils auront leurs papiers (dans dix ans, 15 ans, 20 ans...) ils tenteront de revoir leurs proches, leur pays. Ce n'est pas toujours possible, mais c'est leur souhait secret.

Quel paradoxe ! Avoir fait tout cela pour partir et ne rêver que de revenir.

C'est justement là toute la douleur de l'exil et personne, jamais, ne s'y résout de gaieté de coeur !

« Mare Nostrum » est un ensemble de trois grandes fresque dansées réalisées face à la Méditerranée (notre mer) en hommage à ses disparus.

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« Les âmes heureuses »